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LENNY LAFARGUE
CD "A qui parler" 2004
Autoproduction L 0304542004
par Joël Bizon
Derrière son fétiche «Estuaire», véritable
carte de visite, et après une longue période de désert,
le pionnier du blues bordelais revient enfin et nous gate avec «A
qui parler» son dernier né.
Une collaboration de dix titres avec Raoul Ficel (seconde guitare), au
titre bien approprié, marque son retour. On sent tout de suite
sur ce petit nouveau que Lenny Lafargue a envie de s’exprimer, de
se confier. Neuf chansons, où paroles autobiographiques, en langue
de Voltaire, et musique sont signées par l’artiste, agrémentées
d’une reprise de Freddie King (influence majeure du bonhomme). Les
mots swinguent du tonnerre, en parfaite osmose avec sa musique prenante
et nonchalante ! Sans colorant et sans additif, avec une grande authenticité
et du sourire plein les yeux, le pécheur de Lacanau règle
ses comptes en exprimant sa quête de blues. Un blues identitaire
où le girondin se livre avec pudeur, privilégiant une instrumentation
simple et une grande spontanéité dans la captation du son.
Bougre quelle efficacité ! On plonge sans maillot dans ce blues
sincère, d’influences adolescentes : Slim Harpo, Jimmy Reed,
Freddie King, et on s’y noie avec délectation. A ma connaissance
l’ album le plus typé de Lenny, où, tendresse en proue,
(regardez la pochette back et son nounours guitariste) le bluesman au
cœur d’or étale sa prose avec humanité.
A l’écoute, trois images m’envahissent l’esprit
: Une cabane de pécheur, un rockin-chair et une bouteille de Tequila
! Toutes les facettes de son swamp blues, aux riffs incisifs et secs imposent
le respect. Un blues au ras de la terre, où sans strass ni paillettes,
le vieux loup solitaire (qui produit aussi le disque) est un modèle
d’humilité et de talent !
Comme le bordeaux, Lenny Lafargue se bonifie avec le temps, et pour moi
cet album, est celui qui lui ressemble le plus. J’espère
que vous aurez compris, précipitez vous, il n’y en aura sûrement
pas pour tout le monde !
Joël
Bizon
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