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Bill Deraime
CD "Quelque Part" 2004
EPM/Universal
par la revue BLUES & CO
Sympathique retour discographique que celui de Bill Deraime, l'un des
monstres sacrés du blues français avec Patrick Verbeke,
Benoît Blue Boy, Jean-Jacques Milteau… Même si depuis
quelques années, il a mis du reggae dans son blues, faisant le
grand écart entre Chicago et Kingston, sombrant dans la schizophrénie
à l'écoute de John Lee Hooker et de Bob Marley. Pour Bill
pas de lézards, le blues et le reggae peuvent faire bon ménage,
à l'image d'un vieux couple qui dans la vie au quotidien, malgré
quelques désaccords anodins lorsque survient le choix du programme
télé les soirs de match de foot, ne peut plus se quitter.
Entre le blues et le reggae on ne peut pas parler de cohabitation mais
bien d'osmose. Avec son look inimitable, sa barbe de prof de philo, sa
grande carcasse débonnaire, et son béret de révolutionnaire
à la Ché Guevara, Bill Deraime prêche la bonne parole
des musiques populaires à feeling depuis des décennies,
avec plus ou moins de succès. Sa voix puissante gorgée de
gospel est toujours au zénith. A croire qu'une bonne fée
lui a greffé les cordes vocales de chanteur afro-américain,
implorant le ciel tous les dimanches sur des psaumes rythmés. Avec
"Quelque part" le titre de son nouvel album, on retrouve un
Bill Deraime toujours aussi inspiré dans l'écriture, avec
cette poésie souvent visionnaire mais toujours positive. Chez Bill
après le déluge et les ténèbres, reviennent
toujours le soleil et la quiétude. Son groupe a sensiblement changé
puisque l'harmonica a disparu du line-up. On retrouve bien entendu le
fidèle guitariste Mauro Serri ex Eddy Mitchell, Stéphane
Pijeat à la batterie, ou encore David Hadjadj aux claviers. Sans
oublier l'apport original dans la musique de Bill avec deux violonistes.
On retiendra des titres comme "Quelque part" qui donne son nom
et qui ouvre l'album, l'exemple type du cocktail blues-reggae, "Le
Derniche Tourneur" et sa mélodie accrocheuse et obsédante
pour les neurones, "Après demain" une superbe ballade
à écouter les soirs de spleen, "Maniaco-Dépressif"
un blues musclé dans le plus pur esprit du Bill Deraime des années
80, ou encore le tube, le hit, l'incontournable, l'énorme "Babylone
tu déconnes" dans une nouvelle version dépoussiérée.
Encore une fois, le grand Bill est au rendez-vous de la lueur céleste,
avec ses textes généreux et sa musique profondément
humaine, n'en déplaise aux puristes véritables ayatollahs
de notre 'nos' musique(s) préférée(s), car dans ce
cas de figure il vaudrait mieux qu'ils se tirent ailleurs !
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