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BENOIT
BLUE BOY
CD "Maux d’Absence" 2005
Willing Productions 350232
par Joël Bizon
Je découvre ici avec ravissement, le onzième album du
père fondateur du blues en français. Benoît Blue Boy,
qui, il y a un quart de siècle, prenait le risque d’écrire
et de chanter le blues dans sa langue maternelle, et qui aujourd’hui,
est passé maître dans l’art subtil de marier langue
de Voltaire et douze mesures. De retour du Rajasthan, toujours bon pied
bon œil à l’aube de la soixantaine, cet ‘As ’
dans sa spécialité retrouve ses fidèles Tortilleurs
pour « Maux D’absence ». Ce bouillonnant harmoniciste
chanteur, à la nonchalance et à l’humour légendaire,
revient nous conter ses histoires au quotidien. Toujours un petit coté
grinçant et caustique dans ses textes, la griffe Benoît Blue
Boy et la moiteur du Bayou, couchée sur une orchestration fine
et luxueuse. Avec simplicité, et sincérité, le poète
au regard épicurien, nous livre ici un cocktail de boogies et de
ballades transcendantes, quand il ne s’agit pas de blues lents et
passionnés. Ce 12 titres à été enregistré
dans le Maine et Loir, avec des musiciens, au sommet de leur art, que
l’on ne présente plus !
Stan Noubard Pacha, au bagage musical impressionnant, tiens les guitares.
Fabrice Millérioux, inspiré des fondements les plus anciens,
est aux baguettes, et Thibaut Chopin, toujours à l’affût
d’une mélodie de passage, triture les ficelles de sa contrebasse.
Bref, que du beau monde : « Des Enchanteurs », rehaussés
par un organiste gallois, Geraint Watkins, qui caresse les ivoires avec
virtuosité.
Sur toutes les plages, relax et serein, l’icône du Blues hexagonal
nous honore de ses intonations de voix rondes et chaudes, agrémentées
de ses chorus d’alvéoles si caractéristiques. Un bonheur
simple où les mots sonnent sur une musique prenante et swinguante.
Un véritable message de la vie, effervescent, vivant et tendre
à la fois, distillé par celui qui restera un modèle
de cœur, de gentillesse et d’humilité.
Véronique Sauriat, en amie, vient poser sa voix sur un titre «
Restés Collés ». Avec Maux d’absence, Benoît
renoue avec son style originel, il reprend même deux de ses anciens
titres : « Combien » et : « Idiot ou Bien Crétin
». C’est tant mieux, car Benoît en Amérique m’avait
un peu surpris. Une nouvelle livraison où Bernard Billot acclimate,
avec brio et grand talent, son humour et sa verve aux rythmes binaires
du Delta et du Bayou, enfantant un blues bon enfant qui vraiment nous
fait du bien !! Fortement recommandé.
Joël
Bizon
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