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AMAR SUNDY
CD "NAJMA" 2004
Dixiefrog DFGCD 8579
par Joël Bizon
Pour moi le troisième album du guitariste Touareg Amar Sundy,
débordant d’excellentes compositions, serait le plus sage,
le plus mature et le plus aboutit ! L’homme bleu qui a officié
à Chicago avec notamment Otis Rush, James Cotton et Albert King
et qui pendant de nombreuses années a participé aux heures
glorieuses du blues au Baiser salé et au Sunset à Paris,
conjugue ici au mieux sa passion et ses racines. Un pied dans la cité
des vents du lac Michigan, l’autre de guitariste parisien, et toujours
le tête dans le désert du Sahara, Amar apporte son petit
grain de sable et réussit la performance d’unir les trois
phases, fidèle à son cœur sur ce onze titres distribué
par Dixiefrog.
Ce «Najma» est une des plus belles réussites de métissage
entre le Chicago Blues et la musique saharienne, peut être même
une nouvelle voix pour la musique métisse. Sur «Ouallach
e», «Men’na», «Rahala» ou «Najma»
qui baptise le disque, on pourrait dire que Sundy africanise le Blues,
ou que la musique arabisante s’oriente vers le blues. Pas si sur,
l’homme redécouvre les couleurs, les parfums et les rythmes
de sa terre natale en y intégrant ses chorus électriques
traînants et gouleyants . Sur «This Morning», «If
My Baby», «One More», «Men In Trouble» le
guitariste berbère se souvient du temps où il habitait au
dessus du club The Blues à Chicago, et nous offre un bouquet musical
dans la plus authentique tradition blues. Son voyage dans la volupté
atteint des sommets avec «Say Hey» magistral hommage à
Albert Collins et le remarquable «Now I Know» qui évolue
sur une trame plus funky. En alchimiste des genres, Amar Sundy réussit
haut la main ce mariage entre l’Orient et l’Occident. Les
notes fusent de sa Fender, et s’envolent plaintives et expressives,
nous titillant élégamment l‘oreille sans jamais devenir
démonstrative. On sent bien tout au long de cette piécette
la place prépondérante que prend Albert Collins, l’influence
majeure de Sundy. Un album subtil et caressant à la fois aux guitares
décoiffantes et renversantes, où Amar Sundy évite
les clichés faciles, et surtout, ne tombe jamais dans la World
Music à deux Balles !! Du Blues coloré, certes, mais du
Blues : une gageure !
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