GANAFOUL CD "Crossroads"
1999
FG 1004.AR. Distribution MUSEA
par Mike Lécuyer
Ah, cela nous (me) ramène à
l'époque du label Crypto créé par Ange
et son manager, Jean-Claude pognant, à la fin des
années 70. Hé oui Ganafoul est de cette
époque !
Du boogie blues effrené (Nothing More), une goutte de
funk avec solo de basse (I'm a king bee du premier LP des
Stones), un soupcon de nostalgie ganafoulienne avec Full
speed ahead et Saturday night. Une mention spéciale
pour Crossroads en hommage à Robert Johnson... et
Cream.
Mes titres
préférés : Nothing More, I'm a king
bee.
Et je laisse la parole à Robert Lapassade qui a été leur manager...
CROSSROADS (des nuits sans lune aux 20 boogie(s))
Robert JOHNSON. Par une nuit sans lune, dans les
années 30, à l'angle d'un crossroad
(carrefour) désertique, quelque part entre la North
61 et South 49, le génie d'Houglehurst aurait
passé un pacte... "Crossroad Blues".
Givors, milieu des seventies. A l'intersection de l'A 7 et
de l'A 42, au sud industriel de l'agglomération
lyonnaise, les croix-roussiens Jack BON et Jean-Yves ASTIER
croisent une première fois leur destin.
Là, près du canal, dans les miasmes de la
sidérurgie, ils croisent aussi le fer et vendent leur
âme au boogie. Boogie Chillen '.
Sidérock, c'est ainsi qu'ils nomment le son de
GANAFOUL, ce gang heavy (ils sont alors cinq) né de
leur rencontre avec le batteur Jean-Yves ROTACHER.
Dans une France rock giscardienne peu à peu
initiée, allumée aux marathons furieux de
LITTLE BOB STORY, qui s'enflamme au premier brûlot
stonien de TELEPHONE et prend enfin en marche le train 77
lancé depuis Londres, GANAFOUL et quelques autres
perpétuent crânement la légende du
blues-rock. Devenu un power-trio peu avant que Bernard
ANTOINE ne prenne aux baguettes la suite de ROTACHE,
GANAFOUL incarne face à BIJOU ou STARSHOOTER un
rock-cambouis, hirsute, mal rasé.
Décidément non, une certaine intelligencia ne
fera pas mousser le trio. Imperturbable, GANAF' prodigue son
siderock à démonter les métallos en
denim et avale en D.S bleue des kilomètres de
France.
Le groupe carbure alors au binaire australien (Jack prend
AC/DC en pleine poire en 76 au Marquee de Londres) et garde
toujours Chuck BERRY, Muddy WATERS ou les STONES dans le
rétroviseur.
Une nouvelle nuit sans lune, GANAFOUL a du rater un
dépassement, un virage... on ne sait pas. Les pneus
fatigués par sept années de route, cinq albums
dans la malle arrière, il se crashe sur le
début des années 80.
Les trois potes en boots ne se quitteront jamais tout
à fait. Leurs destins, scellés près du
canal, se séparent juste quelques années.
Jean-Yves s'installe près de Cahors. Il prend la
guitare, taille son propre style sous un chapeau de paille.
Solo, trio, en groupe (Jean-Yves ASTIER & SERIE
LIMITEE), ASTIER se fait un nom. Il enregistre entre 86 et
92 trois albums de compos en Français
tricotées country-blues et chantées d'une voix
fumée.
Vissé, Strato bien en main, à son territoire
de la Croix Rousse, Jack continue le temps d'un dernier
album en Français l'aventure GANAFOUL. Il signe un
single chez CBS puis enchaîne les projets solo,
enregistre un album et taille sa crinière, un soir,
avant la pleine lune. Il épure peinard son art de la
guitare bluesy (qu'a-t'il troqué contre ce don ?),
patine ses textes français et mêle ses
attirances pour les musiques marocaines et les bayous de
Louisiane.
Bernard amarre sa péniche de baroudeur T.V. à
Besançon. Toujours inassouvi, jamais il ne se lasse
de fouetter ses fûts derrière les combos
locaux.
1991. Une nuit de lune rousse, GANAFOUL lâche ses roquettes au Glob à Lyon. Au cours de ce concert éclair, les trois héros quadras comprennent qu'un pacte vaudou (hou !) les a liés à vie , là-bas, près du canal.
Lorsqu'ils se retrouvent à nouveau en 98, au
Transbordeur (à Lyon), pour souffler les 20
boogie(s)-anniversaire de GANAFOUL,
l'électricité-mojo est au rendez-vous, les
aficionados aussi.
Capturé live, ce concert teigneux et
généreux célèbre la
croisée des destins, fête des retrouvailles
canailles. Celles de trois précurseurs avec leur
pacte, leur public indéfectible, leur descendance,
leur passé, leur futur... !
Boogie birthday, dudes !
Discographie : ARTISTES G