Interview vidéo de Paul
Personne sur Mcity.fr
réalisée par Mike Lécuyer lors du
festival Blues Sur Seine (Nov. 2000)
Copie
d'écran Mcity
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PAUL PERSONNE
"Patchwork électrique".
Février 2000. Polydor 543507-2
par Mike Lécuyer
Définition (Encyclopédie Hachette
Multimédia) :
Patchwork =
1. Ouvrage fait à la main, par un assemblage
précis de très nombreux petits morceaux de
tissu, formant des motifs géométriques, sur
des thèmes historiques ou symboliques.
2. Ensemble formé d'éléments
disparates.
Donc, on peut "craindre" le pire, c'est à dire un
collage de couleurs sonores complètement raté
et artificiel où Paul y perdrait son âme. Que
nenni ! On entend bien, par-ci par-là, un scratche de
DJ, une boîte à rythme ou un synthé,
mais ce sont plutôt des clins d'oeil musicaux (et
surtout ni trop longs, ni trop envahissants), des petits
plaisirs que s'est offert Paulo, car cela se "sent", il
s'est amusé, il s'est éclaté dans ce
disque. Il y a une énergie, une cohésion,
incroyable qui vous transporte littéralement !
A la première écoute, c'est la voix qui
fascine, mature, maitrisée, chaude, nuancée,
et puis la guitare bien sûr, mature, maitrisée,
chaude, nuancée (c'est pratique le copier-coller).
Les deux font la paire, voilà un couple dont l'amour
réciproque semble grandir avec le temps (c'est rare
!).
Les paroles sont de Paul exceptés 3 textes de Boris
Bergman (déjà vieux compère) et 2 de
Hubert-Félix Thiéfaine (c'est nouveau pour
Paul mais aussi pour HF puisque c'est la première
fois qu'il écrit pour un autre).
Le disque débute par "Aphonie
cérébrale". Définition EHM de
aphonie = Perte ou diminution d'intensité de la voix.
Elle peut être due à des contractures des
muscles du larynx, à une laryngite, à une
paralysie des organes de la phonation, à une atteinte
du système nerveux central. Synonyme extinction de
voix.
Le ton du disque est comme ça, poétique,
mystérieux, imagé... mais ne disséquons
pas trop : un texte peut vouloir dire quelque chose mais il
peut aussi être composé d'images, d'allusions,
d'associations de mots qui "sonnent" plus qu'ils ne
signifient. C'est aussi cela une bonne chanson et, bon sang,
il y en a un paquet dans ce disque !
Pour revenir à ce premier titre, tout le feeling du
disque est là, d'emblée. La batterie qui en
impose (n'oublions pas que PP est un ancien batteur), la
basse qui nous prend aux tripes, l'orgue qui plane et la
guitare qui nous déclenche des poussées
d'adrénaline.
Ce sera du rock 'n' roll mon fils (et avec le feeling blues,
c'est sa "marque de fabrique").
Il y a du pur Paul comme "J'roule" (à cette wha-wha).
Il y a aussi des réminiscences que ne renieraient pas
les Stones ("Aphonie cérébrale"), les Doors
("Exit of Eden"), Little Bob ("Nuits d'orage", alors Bob tu
vois qu'on peut chanter en français. Rythme lancinant
comme une danse indienne de pluie de flèches-guitares
incantatoires), Bob Seeger ("Ballade pour un idiot") et
Santana ("Cool-rat" et surtout "On s'en sort" avec percus
latinos et orgue-guitare magnifiques. Tiens encore un titre
pour les radios... mais lesquelles... Que reste-il de nos
radios, la la la la... Oui FM...).
Et, comme épuisé par cette débauche
d'énergie, le disque se termine... par une ballade
(!) dont la fin laisse (peut-être) deviner les envies
futures de PP : aller encore plus loin dans la
sophistication, la recherche, l'expérimentation des
sons et des arrangements...
La qualité générale, que dis-je, la
haute tenue du son et des compositions est une
évidence. Les musiciens sont des sacrées
pointures (des types ayant accompagnés John
Mellencamp, Eagle-Eye Cherry ou Iggy Pop, ne peuvent pas
être mauvais) et les chansons tiennent la route. Il
est d'ailleurs grand temps de voir tout ça sur
scène ! Des titres comme "Aphonie
cérébrale", "Ballade pour un idiot" (le pied
que ça va être ! Ce titre aussi je le vois bien
en radio et en clip vidéo), "Par coeur", "Bouge
d'ici" vont nous faire encore plus décoller, c'est
sûr !
Mais qui répondra à ces questions :
D'un chant d'espoir dans les mains
Qu'est-ce que j'en fous pendant les infos...
Si faut que j' bouge d'ici
C'est vers où chez moi...
On a voulu voler plus haut que les tours
On s' noie dans l' petit ruisseau qui coule autour.
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