D B T
CD "Blues de vache". 2002.
Production NSR

par Poill's

ON M'D'MANDE DE RESTER COOL
ET MOI CA M'FOUT LES BOULES
Y a des jours, comme ça, on fait de très bonnes découvertes dans sa boite à lettres. Par exemple, moi qui vous cause, j'en ai fait une il y a peu. Pas vraiment une surprise, les abonnés de LGDG, et surtout ceux qui suivent attentivement les mails de la liste de diffusion ont forcément été au courant. Un nouveau CD français de Blues qui vient de sortir, celui de DBT.
Et d'abord, me direz vous, qui est-ce, DBT? Eh bien, ce sont quatre fort bons musiciens qui forment le Daniel Blanc Trio, un peu comme les mousquetaires, quoi… Nous avons donc Daniel Blanc à la guitare et au chant, Alexandre Aulagner à la batterie, Jean-Luc Guillamo aux claviers (piano et orgue hammond) et Carlos Serrano à la basse.

Bon, j'ai un a priori favorable en ce qui concerne les Français qui autent-compositent dans cette langue. Je sais, le Blues est américain, gna-gna-gna, ce qui à ma connaissance n'empêche nullement les Cajuns de le chanter dans leur idiome, ni Plume Latraverse d'écrire des textes succulents en Québécois… Et puis, tant qu'à faire de raconter des histoires aux gens, autant qu'ils comprennent, ça aide pour les faire participer à l'allégresse générale… D'ailleurs les histoires racontées ne sont pas forcément tristes d'amour déçues, prenez La boum à Véro, de Benoît Blue Boy, moi, je suis plié quand je l'entends, ça me rappelle trop de trucs vécus. Mais je m'égare. Des textes en Français, donc, et une formation classique. J'entends déjà les commentaires des puristes! C'est pas du vrai Blues! Farpaitement, ça sonne nettement plus Blues Boom que Mississippi, mais j'aiiiime!

Marrant, avant même d'écouter ce disque, j'en avais eu des échos, pas tous flatteurs, il faut l'avouer. Donc, j'aimerais remettre les pendules à l'heure. Quand j'entends Roberto, par exemple, je ne cherche pas de message particulier, ça me fait plutôt penser aux délires de Nino Ferrer jeune (dans ma bouche, c'est un compliment) qu'à la nullité de R'garde un peu cette fille-là. Bon, et puis, un mec qui dit d'une nana qu'elle le fait bander, c'est plutôt naturel, non? D'ailleurs, le naturel, il est bien en toile de fond de Blues De Vache, il y a la nature, non? Personnellement, je trouve ça plutôt sain de fustiger les farines animales, le veau aux hormones, la volonté de l'homme de tout contrôler sans même savoir se contrôler lui-même, à commencer par sa démographie… En plus, le morceau est prenant, bien ficelé, avec des ponts harmoniques très intéressants. De toutes façons, dès le début, et surtout si vous êtes fan de Blues Anglais, le son vous embarque, avec un superbe équilibre claviers/guitare… Feria D'avril… Le Rhône et le Nil semblent être plus que cousins, j'aime bien ce parallèle avant la description des férias… Apis? Le riff rappelle un peu Crossroads, première version de Cream, mais bon, ça tourne bien, un zeste de Funk, c'est du bon. Mais l'intro du suivant, Monnaie Courante, ou plus exactement son groove, me touche beaucoup. J'aime bien quand les mecs s'attaquent au Blues lent, c'est pour moi une épreuve obligée quand on joue le Blues (ou ses dérivés proches, pas de polémique, please). C'est nostalgique, mais pas triste. Et le suivant change d'ambiance du tout au tout… Les esprits chagrins y verront une chanson plutôt "osée", mais je crie STOP! Tout le monde s'extasie devant les textes des Bluesmen (et de certains rockers) aux doubles, voire triples sens, eh bien, c'est comme cela que je prends ce texte : où s'arrête la musique, où commence le sexe? Chacun y prend ce qu'il veut, et c'est très bien comme ça… Et on continue dans la même veine sexuée avec Matin Sur Le Lac, sauf que là, la belle détourne habilement le chasseur de son but premier, utiliser un substitut phallique au lieu de vivre ses pulsions. Les oies y gagnent la vie, c'est plutôt bien, non? Pisse And Love, ben, si on ne peut plus pisser tranquille en rêvassant, où va le monde? Et le suivant Légion D'Honneur, pas mal, toujours ces parallèles que je trouve ma foi bien vus entre les honneurs de la guerre et ceux du foot, rangez-moi tout ça! Bambou nous ramène dans le domaine du fantasme, tout ça est assez macho dans l'ensemble, c'est vrai, mais bon, pas autant que nombre de paroles de Blues, quand on nous parle de "moneymaker", par exemple. Les marginaux ont toujours attiré les Bluesmen, sous plein de formes différentes, hobos, etc… Et Daniel Blanc n'y échappe pas, quand il nous parle de Louis. Un portrait sympa, tout simple. J'aime moins Monde Cruel, trop politiquement correct à mon goût, mais bon, chacun son truc. Le charity business, même s'il part d'un bon naturel, m'a toujours un peu dérangé. Ce qui ne veut pas dire que je ne sois pas d'accord, mais bon, disons pas assez radical… La slide, là-dedans, par contre, j'ai bien l'impression que c'est de la Lap-Steel, je n'en jurerais pas, mais… Et retour au Blues avec un grand Bleu pour le Rêve De Gosse, grille on ne peut plus classique, aussi bien la musique que les paroles, ça sent très fort son vécu… Et comme pour les concerts, le disque se termine sur une note calme…

Alors le résultat, un bon disque, bien goupillé, parfois rigolo, peut-être pas assez tendre . Plein de galettes comme ça, ça serait un beau plan. De plus, un point fort, c'est que si DBT est a priori le groupe d'un guitariste (excellent, il faut le dire, et imaginatif), les claviers ne font pas tapisserie, et ça, c'est assez rare pour être souligné… Achetez-le, même si le son est très propre (d'ailleurs ici, ça ne me gêne pas autant que d'habitude)… Je refuse d'entrer dans le débat c'est du Blues ou non, c'est de la très bonne musique qui doit tout au Blues, il faudrait vraiment être difficile pour ne pas apprécier les ambiances, le son, les rythmes des textes, et la voix de Daniel…

Poill's (apoillot@wanadoo.fr) (texte paru dans La Gazette de Greenwood N°48)

 

par Joël Bizon

J'avais déjà dit du bien du premier album de ce quatuor de blues rock camarguais dans le Blues Feelings N°19 . Eh bien n'en déplaise aux puristes , je réitère !!! Daniel Blanc guitariste bien inspiré remets les couverts avec ce deuxiéme scud au son très rock dur . Même équipe, Carlos Serrano et Alexandre Aulagner ronronnent à donf à la base rythmique épaulé par JJ Guillano qui s'exprime remarquablement aux touches noires et blanches. Douze compositions en" French", textes incisifs et bien gras racontant les petits tracas de notre pauvre existence! Véritables instantanés égratignant gentiment et avec humour quelques pans de la société qui marche la tête à l'envers ! Les filles et le sexe sont bien présents, abordé quelquefois d'une manière un peu salace, mais a quoi bon s 'émouvoir alors que nous y pensons tous ! Ce n'est que la nature et Daniel Blanc ne passe pas par quatre chemins, il écrit vrai. Tout le monde en prend pour son grade, les chasseurs, le politiquement correct, les nouveaux héros du ballon rond ! Tout cela sent le vécu, les ballades à cheval sur l'étang de Vaccares, les gardians , la vache harcelée par les taureaux , le sexe , le sang , la sueur. Eh les mecs pas de quoi engager une masturbation intellectuelle collective, c'est du blues, rock certainement, mais c'est du blues ! Pas facile d'écrire en français tout le monde ne s'appelle pas Benoît Blue Boy, déjà essayer mérite le respect, quand à comparer à Jonas faut quand même pas exagérer ! J'aime bien le très rythmé Roberto, le plus funky Blues de vache.
Monnaie courante, Pisse and Love où la six cordes de Daniel se fait lancinante et l' humour de la Flûte enchantée et de Matin sur le lac.
Bien sûr c'est loin des productions swinguantes du moment, mais même à contre courant cette galette est une pierre à ajouter à l'édifice du Blues français.
JOEL BIZON

 


Contact : daniel.blanc20@wanadoo.fr 04 90 49 81 55

Site : http://www.mediasic.com/dbt/


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